jeudi 28 janvier 2016

A fond en montée, sous la pluie.





Km 60



Avec le temps... 
Avec le temps, va, tout s'en va 
On oublie le visage et l'on oublie la voix 

Le cœur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souv'nirs ça t'as une de ces gueules
A la gal'rie j'farfouille dans les rayons d'la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l'on s'traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment... avec le temps... on n'aime plus

Km 41


Faut du gasoil dans la bagnole
La carte bleue dans la chatte
Faut de la dinde pour noël
Faut bronzer pendant les vacances
Faut du forfait faut du forfait
Pour oublier la solitude
Faut des gonzesses à la télé
Ouais faut des pilules pour bander
Faut du gazon dans les tabacs
Il faudrait arrêter d'fumer
La salle de sport sur des machines
Faut s'essouffler faut s'entraîner
Faut marcher dans les clous
Faut pas boire au volant
Faut dépenser les ptits sous
Faut du réseau pour les enfants
Faut ressembler à des guignols
Faut que tu passes à la télé
Pour rentrer dans les farandoles
De ceux qui ont le blé
J'me ballade dans les grandes surfaces
J'ai pas assez mais faut paye
Je cours au gré des accessoires
Et des conneries illimitées
Les gens parlent mal les gens sont cons
Au moins tout aussi con que moi
A se faire mettre à s'faire baiser
Sûr à s'faire enfanter
Des bébés par des hologrammes
Des mots d'amour par satellite
Mais ces connards ils savent pas lire
Ils savent même pas se nourrir
Des OGM dans les biberons
Ouais c'est tant mieux ça fera moins con
Quand ils crèveront en mutation
Des grippes porcines sur des cochons
Oh non l'homme descend pas du singe
Il descend plutôt du mouton
Oh non l'homme descend pas du singe
Il descend plutôt du mouton
Faut marcher dans les clous
Faut pas boire au volant
Faut dépenser ses ptits sous
Faut du réseau pour tes enfants
Faut ressembler à des guignols
Faut passer à la télé
Faut rentrer dans les farandoles
De ceux qui font le blé
Il parait qu'il faut virer les profs
Et puis les travailleurs sociaux
Les fonctionnaires qui servent à rien
Les infirmières à 1000 euros
Faut qu'ça rapporte aux actionnaires
La santé et les hôpitaux
Va t'faire soigner en Angleterre
Va voir la gueule de leur métro
Faut qu'on se fasse une raison
On a loupé nos transactions
On s'est laissé prendre le cul
Par nos besoins nos religions
Il faut foutre le portables aux chiottes
Et des coup d'pioche dans la télé
Faut mettre les menottes
A chaque présentateur du JT
J'accuse !
Au mégaphone dans l'assemblée
J'accuse ! J'accuse ! J'accuse !
Au mégaphone dans l'assemblée
Faut du gasoil dans la bagnole
La carte bleue dans la chatte
Faut de la dinde pour noël
Faut bronzer pendant les vacances
Faut du forfait faut du forfait
Faudrait de l'herbe dans les tabacs
La salle de sport sur des machines
Faut s'essouffler faut s'entraîner
J'me ballade dans les grandes surfaces
J'ai pas assez mais faut payer
Je cours au gré des accessoires
Et des conneries illimitées
J'me ballade dans les grandes surfaces
J'ai pas assez mais faut payer
Je cours au gré des accessoires
Et des conneries illimitées

Km 34



Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur !
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur !


Mais il est bien court, le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles...
Cerises d'amour aux robes pareilles,
Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
Mais il est bien court, le temps des cerises,
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !


Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d'amour,
Evitez les belles !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour !


J'aimerai toujours le temps des cerises,

C'est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte !

Et dame Fortune, en m'étant offerte
Ne saurait jamais calmer ma douleur...

J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur !

Km 23




Comme un éclat de rire
Vient consoler tristesse
Comme un souffle avenir
Vient raviver les braises
Comme un parfum de soufre
Qui fait naître la flamme
Jeunesse lève-toi
Contre la vie qui va qui vient
Puis qui s'éteint
Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient
Mais qui tient pas
Contre la trace qui s'efface
Au derrière de soi
Jeunesse lève-toi

Moi, contre ton épaule

Je repars à la lutte
Contre les gravités qui nous mènent à la chute
Pour faire du bruit encore
A réveiller les morts
Pour redonner éclat
A l'émeraude en toi
Pour rendre au crépuscule
La beauté des aurores
Dis-moi qu'on brûle encore
Dis-moi que brûle encore cet espoir que tu tiens
Parce que tu n'en sais rien de la fougue et du feu
Que je vois dans tes yeux
Jeunesse lève-toi

Quand tu vois comme on pleure

A chaque rue sa peine
Comment on nous écoeure
Perfusion dans la veine
A l'ombre du faisceau
Mon vieux, tu m'auras plus

Ami, dis, quand viendra la crue ?


Contre-courant toujours sont les contre-cultures

Au gré des émissions, leurs gueules de vide-ordures
Puisque c'en est sonné la mort du politique
L'heure est aux rêves
Aux utopiques
Pour faire nos ADN
Un peu plus équitables
Pour faire de la poussière
Un peu plus que du sable
Dans ce triste pays
Tu sais, un jour ou l'autre
Faudra tuer le père
Faire entendre ta voix
Jeunesse lève-toi

Au clair de lune indien

Toujours surfer la vague
A l'âme
Au creux des reins
Faut aiguiser la lame
Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre
De ton triste sommeil, je t'en prie, libère-toi
Puisqu'ici il faut faire des bilans et du chiffre
Sont nos amours toujours au bord du précipice
N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts ?
Ne vois-tu pas le ciel à portée des doigts ?
Jeunesse lève-toi

Comme un éclat de rire

Vient consoler tristesse
Comme un souffle avenir
Vient raviver les braises, 
Comme un parfum de soufre
Qui fait naître la flamme
Quand, plongé dans le gouffre, on sait plus où est l'âme
Jeunesse lève-toi
Contre la vie qui va, qui vient
Puis qui nous perd
Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient
Puis qu'on enterre
Contre la trace qui s'efface
Au derrière de soi
Jeunesse lève-toi

Jeunesse lève-toi !


Au clair de lune indien

Toujours surfer la vague
A l'âme
Au creux des reins
Faut aiguiser la lame
Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre
De ton triste coma, je t'en prie, libère-toi
Puisqu'ici, il faut faire des bilans et du chiffre
Sont nos amours toujours au bord du précipice
N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts
A la mémoire de ceux qui sont tombés pour toi ?
Jeunesse lève-toi !









Comme un éclat de rire

Vient consoler tristesse
Comme un souffle avenir
Vient raviver les braises
Comme un parfum de soufre
Qui fait naître la flamme
Jeunesse lève-toi
Contre la vie qui va qui vient
Puis qui s'éteint
Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient
Mais qui tient pas
Contre la trace qui s'efface
Au derrière de soi
Jeunesse lève-toi



Moi, contre ton épaule
Je repars à la lutte
Contre les gravités qui nous mènent à la chute
Pour faire du bruit encore
A réveiller les morts
Pour redonner éclat
A l'émeraude en toi
Pour rendre au crépuscule
La beauté des aurores
Dis-moi qu'on brûle encore
Dis-moi que brûle encore cet espoir que tu tiens
Parce que tu n'en sais rien de la fougue et du feu
Que je vois dans tes yeux
Jeunesse lève-toi



Quand tu vois comme on pleure
A chaque rue sa peine
Comment on nous écoeure
Perfusion dans la veine
A l'ombre du faisceau
Mon vieux, tu m'auras plus



Ami, dis, quand viendra la crue ?



Contre-courant toujours sont les contre-cultures
Au gré des émissions, leurs gueules de vide-ordures
Puisque c'en est sonné la mort du politique
L'heure est aux rêves
Aux utopiques
Pour faire nos ADN
Un peu plus équitables
Pour faire de la poussière
Un peu plus que du sable
Dans ce triste pays
Tu sais, un jour ou l'autre
Faudra tuer le père
Faire entendre ta voix
Jeunesse lève-toi



Au clair de lune indien
Toujours surfer la vague
A l'âme
Au creux des reins
Faut aiguiser la lame
Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre
De ton triste sommeil, je t'en prie, libère-toi
Puisqu'ici il faut faire des bilans et du chiffre
Sont nos amours toujours au bord du précipice
N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts ?
Ne vois-tu pas le ciel à portée des doigts ?
Jeunesse lève-toi



Comme un éclat de rire
Vient consoler tristesse
Comme un souffle avenir
Vient raviver les braises, 
Comme un parfum de soufre
Qui fait naître la flamme
Quand, plongé dans le gouffre, on sait plus où est l'âme
Jeunesse lève-toi
Contre la vie qui va, qui vient
Puis qui nous perd
Contre l'amour qu'on prend, qu'on tient
Puis qu'on enterre
Contre la trace qui s'efface
Au derrière de soi
Jeunesse lève-toi



Jeunesse lève-toi !



Au clair de lune indien
Toujours surfer la vague
A l'âme
Au creux des reins
Faut aiguiser la lame
Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre
De ton triste coma, je t'en prie, libère-toi
Puisqu'ici, il faut faire des bilans et du chiffre
Sont nos amours toujours au bord du précipice
N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts
A la mémoire de ceux qui sont tombés pour toi ?
Jeunesse lève-toi !

mardi 26 janvier 2016

Un jour on the bike

Qu'est-ce que je fais de mes journées ? Comment j'occupe mon temps du matin au soir ? Comment est rythmé mon quotidien ?
Ca fait déjà un petit moment que j'ai envie d'écrire un petit article à ce propos, alors je vous embarque avec moi pour une journée type. Tu es sur la route peu importe le pays. C'est parti, on met les voiles.

"A man is a success if he gets up in the morning and goes to bed at night and in between does what he wants to do" Bob Dylan





Je me réveille en général avec la lumière du jour qui filtre calmement à travers le tissu de ma tente. Mes yeux sont désormais habitués à cette luminosité familière qui m'accompagne depuis 4 mois déjà. Les repères sont connus par coeur, ce qui n'est pas bien difficile dans 2m2. Parfois j'oublie où je suis, je me crois un jour en arrière au bivouac précédent ou en France. Il me faut quelques secondes pour que tout se remette en place.

Un coup d'oeil sur la montre, je réajuste la pile de vêtements qui me sert d'oreiller, me tourne et me rendors, une fois ou plus ! Puis j'émerge lentement. Le bruit de la mer, le chant des oiseaux, la brise de l'arbre sous lequel j'ai dormi, le trafic de la route voisine, la petite cascade du torrent, le voisin qui déjà plie sa tente ou encore le silence sont autant de variations du réveil-matin.

Un peu mal au dos ce matin, je n'avais pas bien fait attention à cette petite racine hier soir en installant la tente. Je m'étire comme un chat.
Je glisse la tête à travers la porte de la tente et fais une petite inspection rapide du ciel.  La fraicheur de dehors contraste avec l'atmosphère douce de l'intérieur. Plus encore que les nuages ou la pluie, la présence de vent peut très vite mettre mon moral en berne.

J'enfile quelques habits, je sors et fais quelques pas...pour satisfaire un besoin naturel. Les volutes de brume sont encore présentes dans la vallée, tandis que là-haut les cimes prennent déjà leur bain de soleil. La nature s'active doucement, et je me félicite d'avoir choisi un bel endroit après cette longue étape hier.

Ensuite la petite routine habituelle. Je mets l'eau du thé à chauffer sur le réchaud, ce qui m'apporte un peu de chaleur également. Pendant ce temps, je range toutes les affaires à l'intérieur de la tente avec une précision chirurgicale. Dehors les sacoches sont un peu en vrac, étalées sur l'herbe. Le sac de couchage, la doudoune, les bidons, les sangles forment un joyeux bordel.

Je prépare le porridge, boit le thé, mange quelques toasts tout en regardant l'étape qui m'attend. Une grosse bosse aujourd'hui en début d'étape, puis 20 km sur le plateau avant de redescendre en longeant la rivière.

Les sacoches sont chargées, les bidons sont remplis, le compteur est remis à zéro. Un coup d'oeil rapide histoire  de vérifier que je n'ai rien oublié et c'est parti. Put***, je vais vraiment finir par l'oublier un jour ce couteau....

Les premiers kilomètres ne sont jamais les plus agréables pour le corps mais j'aime l'idée toujours présente que chaque matin est comme un nouveau départ. 
Ca roule pas mal, les sacoches ont l'air bien équilibrées, c'était pas gagné pourtant avec tous les biscuits que j'ai achetés hier soir. J'ai la musique avec moi. Tiens un best-of de Brassens ça collera bien avec la première heure. Hier c'était Renaud, demain ça sera peut-être Bob Dylan ou Coldplay.

"Tiens je pense que c'est le début du col là-bas, je devrais peut-être enlever la veste. Non c'est bon y'a que 45 min que t'es parti, continue" . Je commence le col. 500m après j'enlève la veste....Je le savais.
La montée est régulière et pas trop soutenue, les premiers campervans me doublent. Certains font des petits signes, les français qui ont reconnu mon drapeau me klaxonnent, d'autres, la plupart, en ont rien à cirer.

Brassens commence à m'énerver avec ses bancs et son gorille, alors je mets de l'électro à fond. Ma moyenne augmente d' 1 km/h. Du calme. Quand même c'est grisant... Et le sommet est pas loin. Je me mets en danseuse pour hisser les 40 kg sur les dernières pentes un peu plus raides. J'arrive au sommet en sueur, les gens me regardent avec de la pitié.

"Ah le pauvre, il est obligé de voyager à vélo, c'est vrai que les locations de véhicules sont chères ici pour les étudiants. En plus il ne savait peut-être pas que la grande route en bas était toute plate. Et vu comme il transpire en plus il doit pas trop avoir l'habitude. Ca montait pas tant que ça pourtant, si ? Je vais lui donner une pomme...".

"Putain je suis déjà en haut ?  Ah mais ça va en fait, tranquille. Enfin, les jambes piquent un peu mais avec ce morceau en boucle que j'adore c'est passé tout seul. Et puis quand je reprendrai le VTT au printemps, je vais voler. Waow, c'est vrai que c'est beau, ça valait bien le coup de faire le détour. La vue est splendide. Je peux presque voir le pont que j'ai franchi hier. J'ai bien fait de pas prendre la grande route, même si c'est un peu plus long.
Ahah il est trop marrant ce mouton il a vraiment une tête bizarre. Et à côté je pense que c'est sa maman. Merde j'ai moitié froid là, faudrait pas tomber malade. Je vais remettre la veste. Le mec à côté est en t-shirt...le dingue...ah oui mais il sort de son 4x4...ok bon on est pas dans le même délire. Qu'est-ce qu'il à me regarder depuis tout à l'heure avec sa pomme dans la main ? "

Le plateau est magnifique, le vent s'est calmé d'un coup. Je m'arrête pisser. Merde c'est jaune faut que je boive plus.
45 km depuis ce matin. Ca va c'est dans la norme, mais là je commence un peu à avoir la dalle quand même. Bon d'après la carte y'a un coin sympa dans 5km. Allez...

Hééé, mais je me souvenais pas que j'avais acheté ce saucisson hier ! Allez, je déballe toutes les sacoches à l'arrache, au moins tout est sorti j'aurais pas besoin de me relever.  On voit la route qui serpente au loin, ça va y'a pas grand monde aujourd'hui. Ah mais oui, on est lundi...

Le point que je pensais être un poteau bouge. Ce n'est donc pas un poteau. C'est soit un chien qui marche sur ses pattes arrières soit un vélo. Il a des sacoches en plus, ça doit être un vélo.

Chris est australien et est parti pour 6 mois également. Il a l'air d'en chier un peu. Il me confirme et me dit que je vais m'éclater dans la descente.  Il me demande où j'ai dormi la veille, je lui refile le bon spot. Il a pas de saucisson, alors je lui en file une tranche. Il semble apprécier alors je le mets au milieu. " You want a tea ?" qu'il me dit.
On discute sur nos voyages respectifs, sur nos vélos, les rencontres que l'on a fait. J'apprends que l'été dernier il a roulé dans les Alpes. Il est dur le col de La Ramaz...
Il me dit que ce qu'il a préféré c'était les petits villages, les boulangeries et les marchés. Je souris mais je crois qu'il a raison. Son thé est pas dégueulasse. Avec le saucisson ça passe bien. Il est temps de repartir. Se reverra t-on un jour ? Probablement pas. Une petite photo pour la route ? Allez...
Une franche poignée de mains, ciao l'ami, roule bien. Et promis si je passe par Melbourne un jour je te contacte.

Je me remets en selle un peu balloné par le demi-saucisson, le fromage, le pain et le Nutella que je viens de m'envoyer. Pour ne pas sombrer dans une léthargie qui compromettrait mes chances de tenir en équllibre sur mes roues, je lance un podcast. Humm...allez tiens qu'est ce que j'ai " Comment Proust peut nous rendre heureux", " L'éducation à la lumière des Neurosciences"....ouais bon, je vais me faire un petit "Allô la planète" hein.

Après 1 heure, je sais donc que voyager en cargo marchand n'est pas donné, que les "casas de ciclistas" d'Amérique du Sud sont très sympas, et qu'il existe une superbe piste au Kirghizistan en direction de la Pamir Highway.

Je n'ai pas vu le temps passer, les jambes répondaient bien, j'étais dans ma bulle, dans le flow et c'est vraiment ce que je recherche quand je roule. La route commence à s'incliner doucement, les lupins arctiques me font une haie d'honneur, le compteur grimpe, je coupe les virages à la recherche de la meilleure trajectoire. Les descentes sont toujours une belle récompense.

L' étape arrive à son terme, le temps de trouver un bel endroit pour dormir. Ce qui veut dire non visible de la route, plat, avec de l'eau à proximité, et si possible une jolie vue. Je m'enfonce un peu dans ce petit chemin creux, fait quelques centaines de mètre. Là ça sera parfait.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire la tente est montée, les sacoches décrochées, les affaires à sécher.
J'ai pris soin d'orienter la tente à l'Est pour que le soleil demain sèche la tente au matin.
Je prends ma serviette et vais me rafraîchir à la rivière, la dernière fois que j'ai pris une douche était il y a 3jours dans ce camping. Je me sèche sur une pierre au soleil. Y'aurait peut-être des truites ici...

J'ai rempli mes bouteilles.
Ce soir pour ne pas changer, je vais me faire des bonnes pâtes qui calent bien. Ensuite je profiterais du coucher de soleil en lisant ce bouquin passionnant qui m'accompagne depuis quelques temps déjà. Puis je me glisserais dans mon sac de couchage, ce petit endroit si réconfortant où que je sois et qui sera le théâtre à n'en pas douter d'une nuit réparatrice remplie de songes.
Pour que demain ça recommence. D'une autre manière. Toujours imprévisible. Toujours attendue. Toujours pleine de surprises.

Il va sans dire que cette description n'est pas loin de la journée iddylique ( Amy la Canadienne aurait remplacé Chris l'Australien, et ne serait pas repartie dans la même direction) et que la réalité est souvent différente. Il y a néanmoins toujours un peu de ça tous les jours.

C'est donc ça mon quotidien.
Une vie simple.
Un ensemble de petits plaisirs insignifiants.

Et toi, tu pars où pour ton premier voyage ?


dimanche 24 janvier 2016

Naissance


Essayez d'imaginer un monde où le vélo n'existerait pas. Un monde où votre seul choix serait de vous déplacer soit à pied, soit par l'énergie d'un moteur. Ensuite imaginez quelle révélation ça serait si quelqu'un arrivait avec l'idée de mettre deux roues alignées sur un cadre, mues par l'effort humain. Cette personne serait sûrement considérée comme un génie, et deviendrait aussi très riche!

Heureusement le vélo est là autour de nous depuis longtemps. Et c'est une invention à laquelle nous devons rendre hommage. Car pour beaucoup d'entre-nous, notre vie ne serait pas la même sans ces nostalgiques souvenirs d'enfance de posséder un vélo.

Mettre un bout de carton attaché au cadre avec une pince à linge, pour qu'en frottant contre les rayons, celui-ci produise un son, qui, pour nous seulement, évoque le vrombissement d'une moto surpuissante.

Se remémorer ces longues soirées d'été où je criais du bas de l'escalier "Papa, Maman, je reviens, je vais faire un tour de vélo". Et se laisser aller à rouler sans but précis sur les routes et chemins autour de la maison pendant des heures infinies, en changeant de direction juste pour le plaisir de tourner le guidon et de sentir le vent couler sur mes joues d'une façon différente.

Traîner à n'en plus finir, explorer le moindre recoin autorisé ( ou que je m'autorisais...), et rentrer sans lumière puisque je connaissais le moindre virage par coeur. Laisser le vélo au garage en lui promettant de revenir très vite, sans doute dès demain. L' oublier parfois dehors, et se faire engueuler.

Partir à la chasse des tas de terre des travaux des cantoniers du coin pour créer des sauts que les copains n'osaient pas prendre, et qui pour mon grand désespoir étaient détruits dans la semaine ; ou des arbres qui feraient la meilleure cabane.

Ces courses dans le jardin avec mon petit frère Antoine jusqu'à la nuit tombée, slalomant entres les rangs de salades, le cerisier, les queues des chiens assoupis et le billard. Ces finales et superfinales de 40 tours  où nous tournions comme des hamsters dans une cage, couverts de sueur et de la poussière de ces fausses chutes que nous créions pour avoir le plaisir incommensurable de faire une remontée fantastique. Ces "doubles-trajectoires", ces "suçages de roues" et ces traces de freinage noires sur la terrasse qui nous ont values quelques mauvais quarts d'heure.

Faire les 500m qui nous séparaient de l'école matin et soir, en ayant souvent été les deux seuls gamins à avoir eu cette chance. Ne pas les attacher.

Descendre sans freiner cette "grosse descente" en s'aggripant de toutes ses forces aux poignées, et être heureux d'être arrivé en bas en un seul morceau.

Ne pas avoir eu l'obligation comme c'est le cas aujourd'hui de porter un casque, au risque de croire que nos géniteurs étaient des parents indignes.

Avoir pu traverser tous les jours l'unique passage piéton, seuls, sans "dame-de-la-mairie-avec-son-gilet-jaune-et-son-petit-panneau-qui-est-là-pour-assurer-la-sécurité-des-enfants" au risque d'ôter de l'esprit de ces mêmes enfants la présence d'un danger potentiel. Au risque de commencer -déjà- à assister ces adultes de demain. Au risque, toujours, de les empêcher de penser, grandir et réfléchir par eux-même.

Avoir pu connaître une époque où le "principe de précaution" ne gouvernait pas la moitié de nos comportements, comme c'est je trouve trop souvent le cas aujourd'hui.

Je suis prêt à parier qu'il n'y a pas qu'à moi que ces souvenirs évoquent une tendre  partie de notre jeunesse.

C'est en tout cas pour moi, aussi loin que je me souvienne, dans ces traces de graisse sur mes mollets, dans ces rayons qui fendent l'air au soleil couchant, dans ces chiens qui m'ont fait peur, dans ces gravillons que j'ai vu de trop près, dans ces roues arrières maîtrisées devant la pharmacie, dans ces rustines que j'ai collées, dans ces explorations sans cesse renouvellées que se cristallise aujourd'hui la naissance de mon sentiment de liberté.

Et je crois pouvoir dire sans trop me tromper que le VTT jaune de marque "ROD" écrit en rose sur le tube diagonal que j'ai reçu à un Noël autour de mes 10 ans, est sans aucun doute le cadeau qui m'a le plus marqué et qui a influencé ma vie d'une manière que je n'aurais jamais soupçonné à l'époque et qui fais ce que je suis aujourd'hui.


jeudi 14 janvier 2016

S'il est un moment...



S'il est un moment de mes journées que j'attend et apprécie, c'est incontestablement quand vient l'heure de boire un thé.

Le cérémonial est toujours identique. Préparer le réchaud et la popotte, verser la quantité exacte d'eau, allumer la flamme, couvrir et attendre le frémissement magique. Pendant ce temps, préparer la tasse et la boule à thé, éventuellement quelques biscuits. Puis verser l'eau. C'est à cet instant que toute la magie se produit.

C'est comme une rencontre éclair entre la quiétude des feuilles de thé, sages et immobiles, et la fougue brûlante et frondeuse du liquide. Les arômes alors se dégagent, l'eau se teinte de verts cuivrés, la fumée déjà s'échappe et disparaît.

Tout cela ne dure que quelques minutes, et c'est pourtant la promesse d'un moment à venir qui sera lui hors du temps.
Hors du temps, car ce cérémonial ancre dans le moment présent. Je fais fi du mauvais temps, de la circulation, des kilomètres restants. Seul compte cette tasse. Bleue avec un couvercle vert. Achetée 20 centimes à l'Armée du Salut, quelle a été son histoire ?
Quels breuvages a t-elle vu défiler ? Avec combien de petites cuillères a t-elle fricoté ? Tout ceci ne me regarde pas, et d'ailleurs je ne la juge pas.

Pour le moment, il s'agit juste de la prendre dans mes mains et de laisser sa chaleur m'envahir. De mes doigts, je sens tout mon corps qui la reçoit. Attendre quelques minutes pour ne pas se brûler les lèvres. Se mettre alors face au paysage. Assis en tailleur, adossé contre un abribus, vautré sur un tas de cailloux, allongé dans l'herbe, à genoux sous la tente...
Sur une plage déserte au crépuscule en tête à tête avec le ressac, face aux collines avec des centaines d'admirateurs joufflus et laineux, devant l'austérité d'une face nord et de ses glaciers, emmitouflé dans mon duvet sous la tente avec la tempête qui se déchaîne dehors, mais aussi devant un hangar sans âge d'une zone industrielle abandonnée, évidemment.

Puis la première gorgée, toujours trop hâtive. C'est encore trop chaud, alors je me brûle. Ca me pique la langue, enflamme ma gorge et foudroie l'estomac. Mais pourtant j'y retourne. Alors j'aspire goûlument en ajoutant de l'air, pour atténuer l'effet. Ca fait du bruit oui, désolé Maman.

Puis c'est decrescendo, les gorgées sont de moins en moins chaudes mais assez pour préserver le goût. La perfection étant atteinte quand je finis la dernière gorgée en jugeant que la température était idéale.
Je vérifie alors s'il ne reste pas une goutte qui aurait voulu échapper au reste de la troupe. Elle survit rarement.

Ce rituel du thé me permet de m'échapper du monde qui m'entoure tout en le sublimant. Je suis à la fois absent et totalement présent. Je contemple depuis le haut l'agitation du bas.

Lorsqu'en plus, j'ai l'immense plaisir de recevoir mon thé préféré directement depuis la France, là c'est la grande classe. On s'est recontrés à Annecy, rue Sommeiller.

Sensible aux mots, c'est d'abord son nom qui m'a attiré.

"Toits du monde".

Déjà, il m'invitait à la fête. Déjà il était la promesse d'escapades enchanteresses et de longues contemplations.
Puis son parfum et ses saveurs ont fini de me faire chavirer. Alors j'ai appris à le connaître, et jusqu'à présent il ne m'a jamais déçu.
Merci donc à la personne qui a rendu possible nos retrouvailles en ces terres éloignées. Qu'elle en soit remerciée à travers ces quelques mots.

"Les meilleures feuilles de thé doivent être ridées comme les bottes de cuir des cavaliers tartares, craquelées comme la peau d'un buffle, elles doivent briller comme un lac agité par le souffle d'un zéphir.
Elles doivent dégager un parfum semblable à celui de la brume qui s'élève au-dessus d'un ravin solitaire dans la montagne, et leur douce saveur doit évoquer la terre sous une fine pluie..."

Lu Yu  - Maître de thé sous la dynastie Tang (618-907)



mardi 12 janvier 2016

Bluff - Mission accomplie


(J'ai ajouté plusieurs articles aujourd'hui, n'hésitez pas à retourner à l'accueil pour y avoir accès)


Un petit rayon de soleil et un vent légèrement moins violent  en ce lundi 11 Janvier. Je ne suis plus qu'à 62 km de Bluff, la ville la plus australe de NZ.
Le relief s'est adouci quelque peu.
Peu importe la route aujourd'hui, l'objectif est d'atteindre le panneau avec les directions, celui qui me fait pédaler depuis déjà 3500km.

C'est sous un soleil radieux, clin d'oeil malicieux, que j'atteins à 15h mon objectif.
Cette fois ça y est, après avoir roulé dans la carte postale de mon blog, je peux également dire que "j'ai roulé le titre ".





C'est face à l'océan que je me ferais un repas de roi, sur les rochers, avec le sentiment du devoir (à moitié) accompli.
Il me reste en effet toute la remontée vers Auckland par la côte Ouest et un bout de l'ïle du Nord.
J'ai mon vol le 5 Mars.
Pour les prochains jours, objectif Te Anau.

Merci pour le soutien apporté, et bonne année 2016 à tous.

Let's go riding.

Ju

Catlins

Ce passage éclair à Dunedin m'a valu un petit rhume et ce n'est pas la grande forme au moment d'attaquer la côte.
Le temps est froid, humide, de gros nuages menancent....bouh ce n'est pas ce que j'aime.
Tant pis, les écouteurs dans les oreilles, la capuche remontée, je ré-active le mode "pilote automatique" que je connais si bien.
Une demie-étape seulement, histoire de pouvoir dormir et me reposer un peu dans un petit camping pas cher et très sympa. Le bruit du ressac me servira de comptine.

Pour ne pas changer, on prend les mêmes conditions météo le lendemain. J'ai zéro motivation, aucune envie de monter sur le bike, ni de rouler ou quoique ce soit. C'est le genre de journée à rester buller à la maison en temps normal. Il faut vraiment que je me fasse violence pour me mettre en mouvement.
Après 2km, une petite tâche verte m'interpelle dans une montée. Tiens on dirait un vélo. Tiens on dirait qu'il a des sacoches. Tiens, on dirait Tristan !!

Ces retrouvailles font plaisir, surtout qu'il me pensait plus loin devant ! Je lui explique que je me suis reposé un peu. On repart donc ensemble, et forcément on boit un thé !
On a une ligne droite, plus ou moins sans virage e 50 km et le vent est de pleine face, c'est encore plus déprimant.
Ayant des rythmes un peu différents, je lui propose qu'on s'attende à la prochaine ville à 25km.
Je passe les détails, c'est le genre de vélo que je déteste, beaucoup de trafic, le vent qui n'arrête pas, des paysages monotones.
On se retrouve, quelques courses, puis encore 25 km où on se redit la même chose.
Il se met à pleuvoir de plus en plus fort. Il m'envoie un sms pour em dire qu'il s'est arrêté pour s'abriter et recharger son téléphone.
Je continue, voulant à tout prix atteindre Balclutha. On se croirait à l'automne, le plafond nuageux est bas, les nuages noirs, je suis transi de froid. Et je n'ai pas envie de payer le camping pour ce soir, ayant toute ma nourriture, mon eau, et étant propre de la veille !

Je m'arrête donc sur le trottoir sous un abri et m'adosse à un vieux bâtiment, en attendant que le déluge se calme.
Je regarde les rares gens qui passent. Un gars dans un garage en face de moi, une vieille dame avec son chien. La ville est déprimante à souhait.
Je pense très fort que je n'ai pas envie d'aller au camping ce soir, et que je vais trouver une solution, ayant abandonné l'idée de rouler les 25 km supplémentaires que j'avais initialement prévus.

Je me désole à me trouver là, au milieu d'une ville fantôme à me geler les fesses sur le béton glacé, en plein vent et sans savoir où je vais dormir dans une heure quand....

....quand le gars que j'ai vu dans son garage il y a dix minutes revient en voiture à ma hauteur et me demande où je vais et ce que je fais là.

"J'attends que ça se calme et je roule vers les Catlins".
"On a un petit cottage à 30km d'ici sur ta route, je dois y déposer des affaires, mets le vélo dans la remorque si tu veux et tu passeras la nuit dans le jardin".

Je ne me le fais pas dire deux fois !

Et ce gars va même prendre le temps de rester deux heures avec moi, pour faire le détour jusqu'au phare où j'avais prévu d'aller. Etant géologie de formation, il m'expliquera plein de choses sur la formation du relief et sur les animaux.
J'ai ainsi eu la chance de voir des lions de mer, des phoques et même un pingouin à yeux jaunes, chose assez rare !

Pour la petite histoire, il était allé acheter des meubles d'occasion dans la maison en face le trottoir où j'étais assis. Et il a fait demi-tour car il se trouve que le bâtiment était une auberge de jeunesse il y a quelques années et pensait que j'avais eu de mauvaises infos dans un guide !

Il me laissera son cottage ouvert pour la nuit.

Encore une fois, ma bonne étoile a veillé, je suis maintenant sûr que toutes ces choses ne sont pas du hasard.

J'informe donc Tristan qui ne m'en veut pas, il aurait fait pareil !

Ensuite, les deux pires journées depuis 3mois vont arriver. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais un temps exécrable, du froid (moins de 10°C), de la grèle, une tempête avec rafales à 160km/h une nuit et  un vent inouï de face ou de côté m'ont fait vraiment puiser dans mes ressources. Je me suis demandé de trop nombreuses fois ce que je faisais là. Obligé de rouler à 5km/h courbé sur le vélo ou obligé de le pousser. Un vent incessant et terriblement violent, voire dangereux puisque j'étais propulsé dans les fossés souvent.Des côtes à n'en plus finir...
Une seule envie, celle d'envoyer tout péter et de balancer le vélo. Se réfugier sous la tente, seul petit abri de fortune, qui aura heureusement encaissée sans broncher.

Ce fut vraiment pas la joie, et il a fallu que je me questionne souvent sur les motivations qui me poussent à faire ça pour arriver à relativiser les choses, savoir faire profil bas et se dire que la roue finir toujours par tourner quoiqu'il arrive.
C'est derrière moi désormais et je n'ai plus envie de revivre ça.




Ruée vers l'or

J'avais déjà rencontré Tristan, un anglais, sur la route du Mount Cook. On était restés en contact, et je l'avais revu sur Wanaka. Le hasard de nos routes a fait que nous étions à quelques kilomètres d'écart avant d'aborder la fameuse piste cyclable Otago Central Rail Trail qui va de Clyde à Middlemarch.




On décide donc de parcourir ces 150 km ensemble, et c'està Clyde que nous nous retrouvons. JE revois également la famille de Tauranga qui m'avait hébergé il y a deux mois déjà et qui sont en vacances par ici. Ca me fait bien rigoler de revoir plein de monde comme si je vivais ici depuis des lustres.

L'Otago Central Rail Trail est une piste cyclable qui a été aménagée suite à la suppression du chemin de fer du même nom, qui existait à la fin des années 1800, début 1900 pour la conquête de l'or. C'est une piste, quasiment plate tout du long qui traverse de grandes étendues isolées, traversant des villages de pionniers laissés à l'abandon depuis la chute de la recherche du précieux minerai.

C'est aussi une excursion très populaire dans le pays, comme en témoignent les nombreuses personnes rencontrées sur la route.








Après un premier jour nuageux et très froid la nuit (il gèlera sur la tente à 300m d'altitude pourtant), nous avons le droit à une deuxième journée splendide. L'entente entre nous deux est plus que cordiale et Tristan met un point d'honneur à me préparer le thé, à tout moment de la journée, et dans des endroits parfois improbables !



Agé de 25 ans, il vient de travailler 2 ans en Australie et va passer plusieurs années sur les routes à vélo, voulant dans un premier temps rejoindre l'Angleterre, et écrire un roman de voyage, s'arrêtant pour travailler dans différents endroits, avant peut-être de passer dans les Amériques.



Nous dénichons quelques superbes endroits de bivouac.




Nous venons très vite à bout de ces 150 bornes (qui en feront d’ailleurs 160, mystère à jamais irrésolu).



A Middlemarch, Tristan doit s’occuper de quelques affaires administratives et avoir Internet, alors nous nous séparons momentanément, tandis que je me dirige vers Dunedin.

La route est grandiose et déserte, encore une fois. Un immense toboggan fait de montées et descentes incessantes, et c’est avec regret que je dois mettre pied à terre dans une montée, chose qui ne m’était pas arrivé depuis très très longtemps !!
Il faut dire aussi que ma direction a changé et que mon ennemi le plus intime est de retour. Le vent refait une apparition remarquée, et c’est au terme d’une interminable journée que j’atteins Dunedin, ville universitaire tranquille en cette période, grandes vacances obligent.

La péninsule d’Otago ne me laissera pas un souvenir impérissable, malgré ce qu’on peut en dire. Le temps n’aide pas, il vire au nuageux, voire très nuageux et menaçant. A regret, je n’ai pas le courage de faire le détour pour aller voir la rue la plus pentue du monde. Des montées, j’en ai eu ma dose quand même, pour ne pas non plus ressentir trop de remords !




Je me dirige pour les prochains jours vers les Catlins, région du Sud-Est très isolée à la faible population, entre Dunedin et Invercargill. Après plusieurs semaines dans les montagnes, je suis heureux de retrouver le littoral.

Retour en arrière

Un sacré bail depuis les dernières news avant Noël, alors un petit retour en arrière s'impose.

Ceux qui me connaissent savent bien que la période des fêtes n'est vraiment pas le moment de l'année que j'affectionne le plus. J'étais donc curieux de voir à quoi allait ressembler cette première fois dans l'hémisphère sud.

D'emblée, force est de constater qu'étant sur la route, j'ai échappé avec joie au matraquage pré-Noël qui commence en général début Novembre, voire avant. Pas de pubs pour les jouets, ni de catalogues et encore moins de 36 65 65 65 pour joindre le Père Noël. Tant et si bien, que le soleil aidant c'est un 23 Décembre que je suis arrivé à Wanaka, et pas la moindre impression que le réveillon était le lendemain.



J'ai trouvé un camping sympa à l'écart de la ville et au bord du lac où j'ai vite fait la connaissance de français voyageant à vélo également. Il aura fallu un morceau de comté pour nous réunir !

Le trésor envoyé par Laurent faisant des envieux, j'en ai profité pour faire une petite dégustation. Autant dire que j'ai de suite été adopté. C'est donc avec ce petit groupe, plus des copains/copines à moi aussi à Wanaka que nous avons fait un barbecue, bu un petit cou et joué de la guitare à la pleine lune, le tout précédé de parties de frisbee et de baignades au bord du lac.




J'ai aussi eu quelques petits cadeaux très bien choisis, arrivés à la Poste Restante de Wanaka après une fausse frayeur qui avait laissé penser qu'ils s'étaient perdus en route. Une sacré bonne surprise qui donne le smile. Merci !




Ce camping était vraiment un nid à voyageurs à vélo puisque j'ai aussi fait la connaissance d'Andréa, un jeune italien qui bosse l'été en refuge, de Yohann et Clara qui eux sont sur les routes depuis 1 an et demi et viennent de Bourgogne.

Le 26 je repars donc en direction de Queenstown avec une petite idée en tête. En effet depuis quelques temps déjà je vois pas mal de flyers annonçant un gros festival électro pour le 1er de l'an dans les environs de Wanaka : Rythm&Alps. Mais le prix du pass 2 jours avec le camping est trop élevé pour moi vraiment. Et il semble que les demandes de volontariat en ligne sont complètes depuis belle lurette. Mince....

Après 25km donc, j'aperçois les tentes du festival et je décide de tenter ma chance au culot. J'arrive avec le vélo au bungalow du staff, me présente et demande si par hasard ils cherchent encore des volontaires. Et c'est avec un grand sourire que l'on me demande quand je peux commencer, puisqu'il y a eu quelques désistements.
Etant dispo, j'attaque dans la foulée pour 3 jours sur le site.
CE n'est pas payé mais en échange d'un coup de main pendat 18h, j'aurais un pass 2jours + CAmping + 3 repas. Ca me convient parfaitement.

Et le job est cool, bien que physique, puisque j'aide à monter la scène principale avec l'équipe déjà en place. Très intéressant de voir ce Mecano géant se mettre en place et plus tard l'équipe de production mettre en place les sons et lumières.





Ayant encore besoin de volontaires, je fais passer le bon plan à quelques connaissances, et je retrouve aussi des têtes que j'avais croisées au camping Antoine et Clothilde. La trentaine, ils ont passé un an en Australie en PVT où ils se sont rencontrés avant d'enchaîner sur la NZ. Le courant passe tout de suite.
On est donc une joyeuse bande à bosser pendant 3jours sur le site, avant que les autres bénévoles, qui eux bosseront pendant le festival, n'arrivent. Temps de folie en plus, génial.

J'y retrouverai par hasard des gens qui sont super potes avec des connaisances kiné de France, c'est assez fou, mais presque courant ! J'aurais été à 200km de chez moi, je crois bien que je me serais senti dans la même atmosphère.

Ensuite le festival en question était une super expérience, du bon son (notamment Carl Cox le 31) sur un immense champ en extérieur avec les montagnes autour, un mix de locaux et d'étrangers, beaucoup de jeunes venus passer la nouvelle année. Bon, on s'est pas couchés de bonne heure...








Je dois avouer que j'ai pris goût à cette ambiance un peu peace, love, sex, drugs & rock'n'roll electro pendant 2 jours. A refaire sûrement donc.


Le 1er, après presque une semaine sur place, les adieux n'ont pas été faciles, et j'ai préféré vite reprendre la route pour penser à autre chose.
C'est toujours le côté le plus difficile. Passer de supers moments, vite être sur la même longueur d'ondes, déconner ensemble car le contexte du voyage s'y prête tellement, et se quitter presque comme si on était potes depuis toujours sans savoir si l'on se reverra un jour...

Malgré tout, 2016 commençait de la plus belle des façons, et c'est presque en dansant encore sur le vélo que je franchissais la route la plus haute de NZ par un col aux vues magnifiques qui offrait aussi quelques surprises !

Oui ce sont plein de soutiens-gorges !