mardi 12 janvier 2016

Catlins

Ce passage éclair à Dunedin m'a valu un petit rhume et ce n'est pas la grande forme au moment d'attaquer la côte.
Le temps est froid, humide, de gros nuages menancent....bouh ce n'est pas ce que j'aime.
Tant pis, les écouteurs dans les oreilles, la capuche remontée, je ré-active le mode "pilote automatique" que je connais si bien.
Une demie-étape seulement, histoire de pouvoir dormir et me reposer un peu dans un petit camping pas cher et très sympa. Le bruit du ressac me servira de comptine.

Pour ne pas changer, on prend les mêmes conditions météo le lendemain. J'ai zéro motivation, aucune envie de monter sur le bike, ni de rouler ou quoique ce soit. C'est le genre de journée à rester buller à la maison en temps normal. Il faut vraiment que je me fasse violence pour me mettre en mouvement.
Après 2km, une petite tâche verte m'interpelle dans une montée. Tiens on dirait un vélo. Tiens on dirait qu'il a des sacoches. Tiens, on dirait Tristan !!

Ces retrouvailles font plaisir, surtout qu'il me pensait plus loin devant ! Je lui explique que je me suis reposé un peu. On repart donc ensemble, et forcément on boit un thé !
On a une ligne droite, plus ou moins sans virage e 50 km et le vent est de pleine face, c'est encore plus déprimant.
Ayant des rythmes un peu différents, je lui propose qu'on s'attende à la prochaine ville à 25km.
Je passe les détails, c'est le genre de vélo que je déteste, beaucoup de trafic, le vent qui n'arrête pas, des paysages monotones.
On se retrouve, quelques courses, puis encore 25 km où on se redit la même chose.
Il se met à pleuvoir de plus en plus fort. Il m'envoie un sms pour em dire qu'il s'est arrêté pour s'abriter et recharger son téléphone.
Je continue, voulant à tout prix atteindre Balclutha. On se croirait à l'automne, le plafond nuageux est bas, les nuages noirs, je suis transi de froid. Et je n'ai pas envie de payer le camping pour ce soir, ayant toute ma nourriture, mon eau, et étant propre de la veille !

Je m'arrête donc sur le trottoir sous un abri et m'adosse à un vieux bâtiment, en attendant que le déluge se calme.
Je regarde les rares gens qui passent. Un gars dans un garage en face de moi, une vieille dame avec son chien. La ville est déprimante à souhait.
Je pense très fort que je n'ai pas envie d'aller au camping ce soir, et que je vais trouver une solution, ayant abandonné l'idée de rouler les 25 km supplémentaires que j'avais initialement prévus.

Je me désole à me trouver là, au milieu d'une ville fantôme à me geler les fesses sur le béton glacé, en plein vent et sans savoir où je vais dormir dans une heure quand....

....quand le gars que j'ai vu dans son garage il y a dix minutes revient en voiture à ma hauteur et me demande où je vais et ce que je fais là.

"J'attends que ça se calme et je roule vers les Catlins".
"On a un petit cottage à 30km d'ici sur ta route, je dois y déposer des affaires, mets le vélo dans la remorque si tu veux et tu passeras la nuit dans le jardin".

Je ne me le fais pas dire deux fois !

Et ce gars va même prendre le temps de rester deux heures avec moi, pour faire le détour jusqu'au phare où j'avais prévu d'aller. Etant géologie de formation, il m'expliquera plein de choses sur la formation du relief et sur les animaux.
J'ai ainsi eu la chance de voir des lions de mer, des phoques et même un pingouin à yeux jaunes, chose assez rare !

Pour la petite histoire, il était allé acheter des meubles d'occasion dans la maison en face le trottoir où j'étais assis. Et il a fait demi-tour car il se trouve que le bâtiment était une auberge de jeunesse il y a quelques années et pensait que j'avais eu de mauvaises infos dans un guide !

Il me laissera son cottage ouvert pour la nuit.

Encore une fois, ma bonne étoile a veillé, je suis maintenant sûr que toutes ces choses ne sont pas du hasard.

J'informe donc Tristan qui ne m'en veut pas, il aurait fait pareil !

Ensuite, les deux pires journées depuis 3mois vont arriver. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais un temps exécrable, du froid (moins de 10°C), de la grèle, une tempête avec rafales à 160km/h une nuit et  un vent inouï de face ou de côté m'ont fait vraiment puiser dans mes ressources. Je me suis demandé de trop nombreuses fois ce que je faisais là. Obligé de rouler à 5km/h courbé sur le vélo ou obligé de le pousser. Un vent incessant et terriblement violent, voire dangereux puisque j'étais propulsé dans les fossés souvent.Des côtes à n'en plus finir...
Une seule envie, celle d'envoyer tout péter et de balancer le vélo. Se réfugier sous la tente, seul petit abri de fortune, qui aura heureusement encaissée sans broncher.

Ce fut vraiment pas la joie, et il a fallu que je me questionne souvent sur les motivations qui me poussent à faire ça pour arriver à relativiser les choses, savoir faire profil bas et se dire que la roue finir toujours par tourner quoiqu'il arrive.
C'est derrière moi désormais et je n'ai plus envie de revivre ça.




1 commentaire:

  1. Ouais t'en fais pas, comme le dit le philosophe Ribéry "La routourne va vite tourner".
    Et, désolé d'en rire, mais "propulsé dans les fossés", ah ah ah j'ai bien ri à imaginer la scène !
    Plus sérieusement, je me revois encore moi aussi sous le déluge dans l'ascension du Roselend, à me les geler trempé jusqu'aux os au sommet à 2000, à me demander ce que je pouvais bien foutre ici au lieu d'être tranquillement pépère au chaud à l'intérieur comme tout le monde. Sauf que ce sont ces moments-là qui nous permettent de vraiment apprécier les autres, en apparence plus banals mais qui deviennent pour le coup merveilleusement agréables ! Ça te forge le mental, j'en suis persuadé.

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