mercredi 23 décembre 2015

Lacs




J'ai donc quitté Géraldine. Nous nous sommes quittés d'un commun accord, elle était plus d'accord que moi (que ceux qui reconnaissent la référence de cette phrase se fassent connaître !).
Pour couper court à toute fausse idée dont j'ai pu avoir retour, non je n'ai pas rencontré l'amour !
C'était juste une manière originale de faire un nouvel article en s'appuyant sur le nom de la commune, en tout cas moi je m'y suis bien amusé.
De toute évidence, si amour il y avait eu, sa place n'aurait pas été ici et encore moins par électronique.
Non une jolie lettre écrite à l'encre, assurément :)

Pffff, de courtes étapes se sont enchaînées entre Géraldine, Fairlie et Tekapo. La faute à un temps capricieux qui met l'organisme à rude épreuve. Pendant 10/15 jours, ce sont beaucoup d'averses, d'orages et surtout un vent de folie qui m'auront accompagnés. L'impression d'être dans une machine à laver 6h par jour, ce bourdonnement incessant, cette incapacité à avancer plus vite, ce contrôle permanent pour ne pas finir la tête dans le fossé ou sous les roues d'un camion. Car oui bien évidemment, je ne me plaindrais pas si je l'avais eu dans le dos.

MAis non, il a joué. Tantôt de côté, tantôt de face. Et quand je regarde la carte et que la ligne rouge représentant la route dessine un long trait rectiligne pendant 30km, sans le moindre virage, je sais que je vais ramasser.


Débute alors l'école de la patience. Se fixer des repères proches et tangibles. Ne pas regarder au loin.
Laisser divaguer son esprit, pour tuer l'ennui ou la folie. Pour tromper son ardeur à la monotonie. Pour libérer son chemin intérieur, qui lui est exempt des caprices d'Eole. Se dire qu'en Patagonie, c'est sur des milliers de kilomètres qu'il faudra endurer ça.
Et relativiser, en tout cas essayer.

Au pylône au bout de la ligne droite, un Werther's Original.
Au virage à gauche avant la montée, un quartier de clémentine.



« A-t-on déjà vu un nomade pressé ? Les nomades vont à petits pas. Pas un seul horizon qui n’ait capitulé devant leur acharnement », constate l’écrivain aventurier Sylvain Tesson dans son Petit traité sur l’immensité du monde

Et puis il y a les petits rituels, les petites choses que je suis le seul à voir ou à entendre, les petits signes amicaux des gens en campervans qui me doublent.

Et puis paf d'un coup, l'horizon change brusquement, les montagnes apparaissent au loin. On roule dans des cartes postales, les nuages pressent le pas, le soleil fait moins le timide, le vent accuse le coup, la route s'aplanit, les jambes tournent plus vite, les idées cessent, les yeux s'ouvrent encore plus.

Car oui putain, autant j'en ai bien chié sur la selle pendant des dizaines et des dizaines d'heures autant je crois que ça en valait la peine.

La récompense n'est-elle pas à la mesure de la tâche qu'il nous a été donné d'accomplir ?

J'ai donc atteint le Lake Tekapo et ses panoramas grandioses, filé à toute allure dans les descentes parsemées de lupins arctiques et de sommets enneigés, déjeuné à la terrasse du Lake Pukaki et de son bleu électrique, dormi sous la bienveillance du Mount Cook (3724m), toit de la NZ, à Mueller Hut, fait des siestes merveilleuses sous le soleil des plaines du McKenzie.










J'ai aussi, encore et toujours, rencontré tout un tas de personnes. Des cyclistes, des campervans, des jeunes, des vieux, des asiatiques ( vous, je vous concote un article), des chiens, des chats, des lapins et des lièvres, des kéas qui en voulaient à mes chaussures, des coccinelles facétieuses, des sandflies ennuyeuses, et des moutons pas très folichons.




J'ai aussi et surtout, sans en avoir eu l'intention, pu rouler dans "ma" carte postale. J'ai roulé dans la photo qui est en présentation de ce blog, tout en haut. Elle m'avait fait rêver, je n'avais pas idée d'où elle se trouvait. 

Et puis sur les rives du Lake Pukaki, en direction de Mount Cook Village, comme un air de déjà-vu, une certaine familiarité.
Sagacité.
"Oh putain non...dis-moi pas que...? Et si mon vieux, et si."


Parfois je reçois des cadeaux : un sucre d'orge du facteur au milieu de nul part, une bière d'un couple de canadiens, un morceau de tarte...




J'ai environ 3000 km au compteur, je fais quelques jours de pause à Wanaka pour les fêtes. C'est un Annecy en miniature, la similitude est frappante. C'est très agréable en tout cas. 
Le soleil est revenu, j'ai reçu du Comté de mon pote Laurent. "C'est pas pire", comme il dit.





Par contre, ne faites jamais la sieste au soleil avec un matelas gonflable, ça aime pas ça, mais alors pas du tout....




Et puis en petit bonus, quand je mets le retardateur pour les photos.
Parfois ça marche :

D'autres moins ;-)



Joyeux Noël à tous. 

7 commentaires:

  1. Super tout ça ! J'adorerais avoir vécu ton étonnement et ton bonheur quand tu t'es rendu compte que tu étais à cet endroit précis. Les photos sont magnifiques en tout cas, quelles belles montagnes !

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  2. Hello Julien ! Les photos sont toujours aussi superbes et heureuse de te savoir heureux.

    Nous, nous aurons un Noël au balcon !

    Bon réveillon et joyeux Noël à toi aussi.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Beau récit, belle plume et images splendides! Je ne dirais qu'une chose: vivement la suite 😄

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  5. Salut Julien,

    Magnifique récit, splendides photos, tu viens de nous faire un très beau cadeau de Noel !!!

    Je te sens heureux, serein, paisible, tu nous transmets ton bonheur, c'est génial, merci !!!!

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  6. L'Amour n'a pas d'adresse "[...] pourvu qu'on ait l'ivresse"
    Bonne route Ju' !
    and a Happyest New Year ever

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  7. Julien
    Paysages magnifiques!!! merci de partager avec nous...Comment passe t on les fetes de fin d'année en N Z?
    Tous nos voeux pour cette nouvelle année!
    Nicole et Jean Louis

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